Augmentation spectaculaire de la taxe foncière à Paris :  vrai scandale ou faux-débat ?

L’annonce d’une augmentation de plus de 50% des taxes foncières payées par les propriétaires parisiens a fait la une des principaux médias. Anne Hildalgo s’était pourtant engagée à ne pas toucher à ces taxes pendant son mandat. Mais les faits sont têtus. La disparition quasi complète de la taxe d’habitation, l’augmentation des charges énergétiques et, surtout, l’endettement colossal de la dette de la Ville de Paris pourraient justifier une telle mesure. D’autant qu’elle est apparemment accompagnée d’exonérations temporaires pour les travaux d’économie d’énergie.

La taxe foncière passera de 13,5 à 20,5% en 2023

Cette hausse spectaculaire va toucher les 733.000 propriétaires parisiens (33% des habitants selon l’INSEE). Pour déterminer l’incidence de cette hausse des taux, il suffit d’augmenter la dernière taxe foncière de 51,9%.

En dépit de cette hausse, Paris semble une des villes les plus raisonnables du pays car, avec 13,5%, la taxe foncière était la deuxième la plus faible après Neuilly-sur-Seine.

Avec 20,5%, elle restera loin des 40% relevés en moyenne dans les plus grandes villes françaises. Les plus gourmandes avec des taux de plus de 50% sont Dijon, Grenoble, Montpellier ou Le Havre.

Compte tenu du niveau très élevé des loyers parisiens, les propriétaires de la capitale payaient déjà une taxe foncière importante avec un taux de 13,5 %. Avec 20,5%, ils vont devenir les champions de la taxe foncière.

Rappelons le calcul de cette taxe. Selon le site gouvernemental (https://www.economie.gouv.fr/particuliers/taxe-fonciere-bati-calcul-reductions)

le mode de calcul de l’impôt associe valeur cadastrale et taux voté par les collectivités territoriales. Le revenu cadastral constitue la base d’imposition de la taxe foncière : il est égal à la valeur locative cadastrale diminuée de 50%.”

”La valeur cadastrale correspond à un loyer théorique que le propriétaire pourrait tirer du bien s’il était loué.”

Une carotte fiscale pour les travaux d’économie d’énergie

L’exonération de 100% de la taxe foncière pour les propriétaires qui vont réaliser ou ont réalisé des travaux de rénovation énergétique entre 2020 et 2026 peut paraître une aubaine. Mais, déjà, le vote trop tardif de cette mesure ne permettra de bénéficier de cette exonération qu’en 2024 !

De plus, la plupart des travaux – à part les améliorations intérieures : chauffage, fenêtres ou isolation des murs – nécessitent d’obtenir l’accord de la copropriété. Ce qui n’est pas gagné ! En effet, pour une rénovation globale, il faut compter au moins 40.000 €. Quant à l’isolation extérieure, elle est très difficile pour un immeuble en copropriété surtout s’il est haussmannien.

Enfin, quel est l’intérêt, pour les propriétaires occupants, d’engager plusieurs dizaines de milliers d’euros pour économiser quelques centaines d’euros de taxe foncière ?

Décidément, les propriétaires sont toujours les mal aimés des pouvoirs publics !

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